
Les Demoiselles d’Avignon marquent l’entrée dans l’art moderne. Cette peinture crée une rupture radicale avec l’ère classique.
Avant ,la peinture était une fenêtre ,espace en 2 dimensions qui permettait par l’illusion de passer en 3 dimensions. Dans l’art occidental la perspective est une illusion. Ce qui est bien différent de l’art égyptien où sa codification spatiale repose sur un projet lié à la culture égyptienne.
Cette peinture est un manifeste, elle repose sur un projet esthétique. Picasso voulait ébranler l’esthétisme. Les sujets ont des poses entre la provocation et l’académisme.
L’espace est fragmenté pour marquer l’affirmation de la planéité du support et non l’illusionnisme.
La nature morte est une incarnation de la peinture classique.
Les figures humaines renvoient à la statuaire primitive africaine. Il y a une volonté d’assimiler une autre culture pour renouveler le vocabulaire, une volonté de changer la représentation féminine académique.
La peinture est rectangulaire mais de quelques centimètres ce qui accentue la volonté d’ébranler les certitudes.
« Le bordel philosophique »
Platon avait tendance à négliger les peintres, et également les sculpteurs, dans son approche philosophique. Il considérait que la peinture ne pouvait pas représenter vérité mais seulement une copie de la réalité et qu'il s'agissait d'un simple métier.
En choisissant de peindre cinq femmes et une nature morte, Picasso fait référence à Platon et des écrits qu’il a fait du peintre Thexis ( afin de peindre la femme esthétiquement parfaite il avait demandé qu’on lui amène pour modèle cinq femmes, et le réalisme de ses natures mortes faisait dire que même les oiseaux s’y trompaient en cherchant à picorer ses toiles)
Les nombreuses études faites par Picasso avant de peindre les demoiselles le conduisent au même formalisme que les masques africains dont il ne fait la découverte visuelle qu’après, ce qui lui fait un choc.
Picasso dessine comme un sculpteur en utilisant la lumière et les contrastes mais en se souciant peu du chromatisme. Il utilise les couleurs à des fins plastiques réduisant l’utilisation de la gamme chromatique.
Il analyse les formes et leurs implications par rapport au fond en créant différents plans. Les formes vivent alors pour elles- mêmes et non dans un soucis de les assujettir à la figuration ,c’est le début de l’autonomie de la peinture qui n’a plus de compte à rendre avec le réel.